L’insoutenable légèreté de l’exécutif

ll y a eu d’abord, la séquence calamiteuse du congé pour le deuil d’un enfant. Nous pensions alors que les « amateurs », ne commettraient pas de sitôt une telle faute. Qu’ils sauraient s’instruire d’une vie qui n’épargne pas ceux qui sont dans le réel. Une erreur n’est jamais inutile quand elle sert l’apprentissage, surtout quand il est question d’humanité.

Puis il y a eu l’horreur pour cette infirmière de secteur psychiatrique, tuée sur son lieu de travail. Cette tragédie n’a eu que peu d’écho dans les médias.

Est-ce le mépris pour ces professions très féminisées et hautement qualifiées qui ne servent pas une économie marchande mais l’humain qui s’exprime ?

Ou est-ce simplement la concurrence déloyale du pathétique feuilleton Balkany et du sexo-drame Griveaux qui a pris le dessus ?

Qu’importe !

Réactive à son habitude, plus de 30 heures après le drame, l’ex-ministre de la santé se fendait d’un tweet lapidaire ou elle exprimait son soutien aux proches de l’« infirmière décédée ».

Cette professionnelle n’est pas simplement « décédée », elle a été mortellement poignardée par un de ses patients dans un centre hospitalier, où, comme partout, les difficultés croissent année après année, faute à l’organisation de la pénurie, à la politique d’austérité imposée à 99 % des français.

Passons sur la volte-face de la future ex-ministre qui a finalement lâché, en pleine tempête : l’hôpital, le système de santé, la sécurité sociale et la « solidarité », et ça pour un siège putatif d’échevine de la capitale. Paris, « sa ville », comme elle l’a écrit. Sa ville mais pas ses hôpitaux au vu du traitement subi par l’AP-HP sous son ministère.

On pensait qu’ils avaient touché le fond du fond. Et bien non ! Notre exécutif a des ressources !

Mardi 18 février, Richard Ferrand, successeur au perchoir de l’amateur honteux de vins fins et de crustacés géants, refusait à une députée au bord des larmes, qu’elle consacre une partie de son temps de parole à une minute de silence. Un député LREM ne se fit pas prier pour corrompre ce moment de recueillement républicain en enchainant sur un autre sujet.

A ce niveau de déconnection du peuple qu’on prétend mener, voire « éduquer »  à la baguette ou plutôt à la matraque, ce n’est plus de la légèreté, c’est une faute, une faute lourde en récidive.

Alors laissons-les à leur sédition républicaine et à leur dérive morale, à leur monde de lignes de compte et de tableaux Excel. Cessons de nous laisser blesser par leur mépris, et surtout, ne perdons pas de vue l’essentiel. Ils ne sont que de passage alors que nous, nous continuerons à soigner :

Observons notre minute de silence, partout où nous le penserons nécessaire.

La minute de ceux qui savent ce qu’est une vie.

À propos

Publié le :
19 février 2020

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *