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L’AFP en mode défense

LE MONDE | 03.03.2015 à 15h29 | Par Alexis Delcambre

Premiers grincements de dents à l’Agence France-Presse (AFP), trois jours après l’annonce erronée de la mort de Martin Bouygues. Mardi 3 mars, le syndicat SNJ-CGT a publié un communiqué offensif pour pointer ce qu’il estime être les causes structurelles de cette erreur, au delà des manquements individuels.

Depuis samedi, la direction de l’agence s’est attachée à communiquer abondamment. Elle a d’abord annulé l’ensemble de ses dépêches sur le sujet - un geste rare. L’AFP et son PDG, Emmanuel Hoog, ont présenté leurs excuses, tandis que la directrice de l’information, Michèle Léridon - dont M. Hoog a refusé, samedi, la démission -, s’attachait à exposer les erreurs ayant conduit à cet accident.

Lundi, la conférence de rédaction matinale a été intégralement consacrée à un débriefing des événements de samedi. La direction a reçu tous les protagonistes pour entendre leurs versions et aboutir à un récit détaillé. « C’est une instruction rédactionnelle », a expliqué Mme Léridon, sans cacher l’hypothèse de « sanctions ».

Mais désormais, une partie de la rédaction trouve que la direction de l’agence en fait trop. « Nous ne voulons pas être dans une logique de bouc émissaire, s’inquiète un journaliste. Cet épisode appelle une réflexion collective sur la rapidité, les sources et l’aspect collectif du travail, plutôt que de cibler deux individus. »

« Prisonniers de vos sources »

Au sein de la rédaction, des journalistes s’affichent « solidaires » du journaliste du bureau de Rennes qui a subi le quiproquo avec le maire de Saint-Denis-sur-Sarthon (Orne) et de la rédactrice en chef adjointe qui a validé la dépêche. « Ce sont tous deux des professionnels estimés », dit-on. Qui auraient certes commis des erreurs de jugement, mais dans le contexte d’un improbable enchaînement de circonstances : une rumeur qui remonte accidentellement jusqu’à Paris ; un quiproquo téléphonique…

Pour le SNJ-CGT la cause est entendue : l’origine de ces « erreurs humaines » est à rechercher dans « la désorganisation de la rédaction mise en place par la direction depuis plusieurs années ». Le syndicat pointe même une forme d’hypocrisie de la direction, sur la tension entre fiabilité et rapidité. Ainsi, le 8 janvier, au lendemain de l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo, Emmanuel Hoog serait intervenu en conférence de rédaction pour déplorer que les noms des victimes aient été donnés trop tardivement par rapport à d’autres médias. « Ne soyez pas prisonniers de vos sources », aurait notamment recommandé le PDG.

« Depuis samedi, il y a eu une pression de Hoog pour sur-réagir, estime un journaliste. Peut-être parce que cette affaire peut lui porter préjudice, alors que la campagne pour la présidence de France Télévisions bat son plein. » Le nom du PDG de l’AFP est en effet régulièrement cité parmi les postulants à la succession de Rémy Pflimlin, sur laquelle le CSA doit se pencher au mois d’avril.

Pour M. Hoog, la séquence est amère. Le 19 janvier, à l’occasion des 70 ans de l’AFP, il accueillait François Hollande et le tout-Paris des médias au Palais Brongniart. Dans un discours qui se voulait un éloge du journalisme, prononcé devant les survivants de la rédaction de Charlie Hebdo, le président dénonçait un « temps médiatique réduit parfois à l’immédiateté » et soulignait l’importance de « dire juste » avant celle de « dire vite ».

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