Statut Cadre

M Dauba – Intervention au CA du 07 03 2019

 

L’UGICT nous demande de prendre notre part d’IH dans la défense de l’existence du « statut  cadre ».

On peut le faire en reprenant l’histoire de ce statut, ce qui renvoie à la situation de la Libération avec la création conjointe du statut et des régimes de retraites complémentaires AGIRC et ARCO, période marquée par la volonté patronale d’isoler les cadres des autres salariés pour mieux les garder sous son contrôle, avec la création de la CGC qui dominera durant trois décennies la syndicalisation de ces catégories de salariés, allant jusqu’à profiter (le financement de ses permanents) de la gestion paritaire des caisses AGIRC, et ce jusqu’à la décision de la CGT de créer l’UGICT……Notons que sur cette période c’est le concept de « hiérarchie » (salaires, fonctions, carrières), et donc une notion de « pouvoirs » délégués par le patronat, qui justifiât seule l’appartenance au statut….. Bien davantage que les qualifications (on parle bien de « statut cadre » et non pas du diplôme d’ingénieur par ex, incluant les agents de maitrises et chefs de services sortis du rang, dès le moment où ils ont des fonctions dominantes d’encadrement.)….. Ce n’est pas sur ce terrain d’origine qu’on peut mener aujourd’hui la bataille du Statut »……Rappelons qu’au lendemain de 68, lors de ses assises de Marseille, le CNPF comprend que le mouvement  : « a montré la fragilité de nos structures sociales » et « qu’il est décisif que l’encadrement ne change pas de camp » (il les considère bien comme » en mission » à son service)…..C’est cela qui sera remis fondamentalement en cause, dans la même période, avec le syndicalisme « spécifique » dans la CGT.

On peut le faire aussi en faisant une analyse évolutive et fines des rapports sociaux dans l’entreprise : partant des délégations de pouvoirs et de fonctions du capital (patronales) qui sont effectivement une justification essentielle de la « spécificité » des fonctions des ICT (pouvoirs hiérarchiques certes, mais aussi ceux du développement et des choix  technologiques qui influent sur les conditions de travail et l’emploi des « encadrés » qui deviendront une dominante de leurs fonctions (1), en rapport direct avec une élévation généralisées de leurs qualifications (apparitions des IUT dans les années 60 / 70 ; multiplications des écoles d’ingénieurs…..Rappelons qu’avant cette période, dans la métallurgie par ex, 60 % de l’encadrement était « sortis du rang).

L’envisager comme ça ramène la question de la défense du statut cadre à celle que nous abordons dans le débat sur les « structures » professionnelles dans le syndicat et la justification sur le fond de la « spécificité » (à la différence de la « diversification »), avec les formes d’organisation qui lui correspondent.

Quant à analyser la situation d’aujourd’hui (mais c’est aux directions actuelles de l’UGICT de le faire), je rejoins les deux interventions lors du CA (Alain Obadia et Henry Wacsin) pour considérer que l’organisation spécifique reste une nécessité et donc avec elle la reconnaissance et le maintien du « Statut cadre », mais cette fois construite sur la reconnaissance des qualifications élevées (en lieu et place des fonctions d’encadrement stricto sensu ) et sur le rôle qu’ils jouent dans les choix technologiques que les directions d’entreprises, de plus en plus « financières », sont de moins en moins capables d’appréhender (voire ne cherchent même pas à maitriser sauf à y introduire les critères de « productivité » et de « rentabilité »)…..Ne pas l’envisager comme ça comporte le risque de laisser le patronat justifier de ne réserver le « Statut cadre » qu’aux seuls « managers », considérant le gros des effectifs Ictam comme du personnel, certes hautement qualifié, mais restant quelque part un personnel d’« exécution ».

En 68 déjà les technologiques mis en œuvre par le ingés et le techniciens justifiaient leur « spécificité » et le besoin d’une organisation qui lui corresponde : dans mon bureau d’études de l’Aéro, nous passions de la conceptions de prototypes aux mises en productions élargies, ce qui justifiait de notre part des choix de « rationalisation » pouvant aller jusqu’à décider d’éventuelles sous-traitances qui impactaient directement la charges des ateliers de l’entreprise et donc l’emploi…..Nous avions besoin de pouvoir en débattre entre nous dans un cadre permettant de ne pas être mis en contradiction : entre notre opinion de syndiqué (éventuellement exprimée dans une réunion en présence des ouvriers eux-mêmes) et la mise en œuvres le lendemain de ce qu’exigeait de nous la direction….Ce pourquoi nous étions payés…..Voila pourquoi j’étais enthousiaste à l’idée de l’entrée des techniciens dans l’UGIC de cette époque….Voila pourquoi, les deux Congres cde Versailles qui ont suivi 68, mettaient en première exigence la « reconnaissance du droit des ICT à pouvoir s’exprimer librement et collectivement sur tous les problèmes de l’entreprise »….C’était déjà envisager  l’intervention syndicale dans les gestions et les choix stratégiques, dont les choix technologiques.

 

 

Intervention colloque sur la défense de l’industrie

Si l’on fait, avant la présentation des dossiers d’entreprises sur lesquels nous avons travaillé,  une introduction (comme le suggère Alain) montrant la permanence de l’engagement pour l’industrie nationale et contre son abandon, tant par les gouvernements successifs et par les financiers sur trente ans, il nous faut faire une conclusion sur la situation d’aujourd’hui où le recul industriel du pays est patent et gravissime…….Le risque serait que l’énumération des luttes menées soit en même temps la liste des échecs et des entreprises, voire des secteurs industriels disparus…..Nous devons montrer que la mondialisations et les délocalisations touchent à leurs limites et que le défi de la lutte contre le réchauffement climatique impose de reconsidérer radicalement nos système productifs, et qu’en quelque sorte les positions acquises (domination ou dépendances) peuvent être complètement reconsidérées et offrir des opportunités nouvelles à la réindustrialisassions de notre pays.,

 

Contribution de G. Alezard

Gérard passe allégrement de 63 et du concept (erroné) d’ « alliance » des ICT et de la classe ouvrière, à la période1992 (débat sur « spécifique » et / ou « diversification », avec notamment les contributions de M Demons), en consacrant trois lignes à Mai Juin 68….Cela est difficilement acceptable tant il s’est passé de choses décisives en cette période en matière de syndicalisme CGT parmi les ICT.

D’abord, il faut savoir d’où vient le caractère « erroné » du concept d’ »alliance » appliqué aux ICT par rapport à la classe ouvrière…Ma conviction est la suivante, indissociable de ce qu’étaient les rapports CGT / PCF à cette époque. A la même période ou la CGT envisageait la prise en compte organisationnelle des ICT, le PCF tenant à Argenteuil en 67 un Comité Central sur la culture et les intellectuels, CC qui avait conclu à l »alliance » entre les intellectuels et la classe ouvrière…Un concept qui suggérait le « petit bout de chemin ensemble » et donc un certain caractère conjoncturel…..Où se trouvaient mis, pèle mêle dans la catégorie « intellectuels » : les artistes, les professions libérales, les chercheurs, les enseignants…et les ITC, oubliant qu’ils font partie intégrante du «  salariat » dans l’entreprise, ce qui les distingue féodalement de tous ceux là……Heureusement, après avoir repris à son compte le concept d »alliance », la CGT,  et l’UGIC puis l’UGICT (T) ont évolué vers d’autres considérations.

Sur le raccourci sur 68 et la reprise du film en 92, c’est toute la question récurrente du débat entre » spécificité » et « diversification »….Non, la question ne commence pas à se poser dans les années 90, c’est une constante qui apparait dès l’origine des réflexions sur l’UGICT : ORGASISATION d’ICT, certes DANS la CGT, mais organisation à part entière c’est-à-dire avec tous les attributs pour représenter ces catégories, y compris de manière autonome dans les entreprises…..Et cette conception n’a pas attendu les débats des années 90 pour être mise en question dans la CGT…..Certains n’en voulaient pas (il n’y a pas deux CGT), les mêmes que l’on a retrouvé à chaque étape de réflexions sur les structures pour faire valoir la nécessaire « diversification » des activités de la Confédération pour remettre en cause l’existence de l’UGICT.

Dans la FD des métaux par ex, dans les années qui suivirent 68 se sont posées, outre la question des ITC et de la création de l’UFICT, les questions de prise en compte d’une présence grandissante des effectifs « employés » dans les grandes entreprises, ainsi que celle des OS dans l’automobile et l’électronique notamment, avec comme caractéristique dans la montée de ces effectifs (employés et OS de l’électronique) une forte composante féminine souvent d’origine rurale…..En bien la question s’est bien posée en terme :  de diversification d’un côté ; de diversification de l’autre….L’UFICT a été créée, et des commissions de travail  ont été crées pour les autres catégories.

Et la question était déjà posée dans la CGT avant la direction de l’UGICT par M. Demons (je suis bien placé pour m’en souvenir) puisqu’un courrier de deux anciens dirigeants de l’UGICT à sa création (dont moi-même), alertait sur les dérives possibles de ce débat, au détriment du développement  voire de l’existence de l’UGICT…. (Et donc, pour Alain, sur la période Krazucky, même si c’est sous Viannet que cela s’est déchainé, et indépendamment de leurs convictions personnelles sur le sujet).

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