Le syndicalisme spécifique aux ICT a de tout le temps été contesté. Son déploiement requiert une construction tenace qui heurte les apparences d’une unité du salariat qu’on souhaiterait voir aller de soi en faisant table rase des rapports sociaux.
Lorsque les ICT étaient en nombre négligeable par rapport à la classe ouvrière, leur syndicalisation n’était pas une priorité. Lorsque leur nombre a grossi, la stratégie d’alliance avec une classe ouvrière dirigeante, en faisait une force d’appoint. Lorsque la conscience salariale des ICT s’est manifestée dans des luttes pour leurs propres revendications, le développement d’un syndicalisme approprié Ugict de rassemblement du salariat s’est clairement posé sauf à laisser le champ libre au corporatisme CGC.
Les questions posées par les bouleversements du travail et du salariat (50 % d’ouvriers – employés et 50 % d’ICT) sont-elles résolues par le fait que la secrétaire générale de l’Ugict soit devenue secrétaire générale de la CGT ? Non, à l’évidence car même si ceci valide la capacité de l’Ugict à rassembler, les marqueurs d’un syndicalisme spécifique tant au plan revendicatif (forfait jours, éthique, télétravail, qualification…) qu’à celui de la vie syndicale (autonomie de décision, formes d’action, culture de débat…) se renouvellent en permanence. Ils demandent un traitement approprié dans une Cgt qui ne décrète pas un tous ensemble artificiel mais cherche à construire un rassemblement effectif.
L’élection de Sophie Binet est un point d’appui considérable pour toutes les composantes du salariat dont aucune ne peut prévaloir sur les autres mais où chacune doit, avec ses modalités propres, contribuer à forger une identité de classe commune dans une démarche d’ouverture et de convergence.
C’est dire que le redimensionnement de l’Ugict doit être l’affaire de toute la CGT, accentuant dans le même temps une émancipation ouvrière et employée avec ses caractéristiques de solidarité de luttes irremplaçables.
Jean-François Bolzinger – 6 mai 2023